La beauté des montagnes enneigées un peu plus loin contraste durement avec la misère que nous découvrons sur ce terrain vague. Nous sommes en décembre. La neige sur les sommets nous rappelle que la saison froide est bien là, alors que près du robinet commun, deux petites filles frêles, pieds nus dans leurs sandales, nettoient une poupée. Si elles répondent volontiers à nos salutations de la main et nos sourires, leur maman, à l’entrée d’une cabane, nous regarde de loin d’un air méfiant : qu’est-ce qui peut bien amener ici ce petit groupe d’inconnus ?

C’est un homme qui nous a conduits ici. Il a approché notre groupe (3 personnes de GAiN et deux membres d’une église locale) alors que nous visitions des familles pour leur offrir des sacs de nourriture. Il s’est adressé à Eduardo, le responsable d’église qui nous guidait, et lui a demandé un paquet de vivres de façon très insistante, en parlant fort. Nous lui avons offert deux sacs et l’avons suivi là où il nous guidait.

Dix minutes plus tard, nous avons compris le désespoir de Dan* en arrivant sur le terrain vague et en découvrant sa maison : une petite hutte construite de différents matériaux trouvés ça et là. Un lieu sombre et humide, sans eau courante ni électricité. L’homme nous explique qu’il vit dans cette pièce unique avec sa femme et ses cinq enfants – une surface d’environ dix mètres carrés.

Dan raconte son histoire à Eduardo : sans emploi à cause de problèmes de santé, il mendie pour pouvoir survivre. Dix familles vivent dans des cabanes similaires alignées. Il nous supplie de revenir les aider. Lorsqu’Eduardo l’écoute et lui promet de revenir, cet homme robuste qui nous paraissait si intimidant il y a un quart d’heure, le remercie en pleurant et en posant sa tête contre la poitrine d’Eduardo.

L’église d’Eduardo a prévu plusieurs distributions pendant les semaines précédant Noël : c’est une de leurs activités principales ce mois. Des vivres, des paquets de Noël pour enfants et des vêtements leur ont été fournis par GAiN. 

Nous sommes touchés par la détresse de Dan ainsi que des petites filles aux pieds nus, mais reconnaissants de savoir qu’Eduardo connaît désormais l’existence de ce camp précaire et de ses familles. Avec son église, ils ont des ressources à disposition pour revenir les aider – du moins pour un temps.

* Prénom d’emprunt

Notre engagement en Albanie vise à soutenir des personnes comme Dan et les autres familles qui habitent dans ces huttes. Lors de notre voyage d’une semaine sur place, nous avons rencontré de nombreuses autres personnes aux situations similaires. Pour permettre à ces actions de continuer, vous pouvez faire un don sur la page « Soutenir » de notre site, avec la mention « Albanie ».